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Jowanet Valentine
Jowanet Valentine
Sorcier
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Revelio
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Sa cuisine palpitait d'un feu que rien n'éteignait jamais. Des ronronnements de l'âtre où bullait sereinement un petit chaudron replet au fourneau brasillant de craquèlements, il y régnait de ces chaleurs diffuses à s'en emmitoufler de réconfort et tout un joyeux cafouillis d'arômes infusant l'air de mille fragrances. La radio sorcière fredonnait en bruit de fond quelques chansons corniques, dont les refrains se mêlaient à l'averse lointaine tandis qu'elle s'occupait de cent choses à la fois. Donnant un tour de louche au cidre chaud tout frémissant d'épices que les clients du pub s'arrachaient en fin d'année, Janet examina le philtre analgésique mijotant dans la cheminée et inspira ses vapeurs herbacées, le jaugeant fin prêt si son aîné se décidait enfin à accepter le renfort d'anti-douleurs. Puis délivrant le chaudron de sa lévitation paresseuse, elle l'envoya d'une vrille agile de son poignet lover sa panse dans un cocon de braises, laissant l'élixir y parfaire paisiblement sa concoction dans un nuage de fumerolles azur. Baguette de groseiller glissée négligemment dans un passant de son jean, la sorcière attrapa enfin le jus d'orange fraîchement pressé que Gwen aimait toujours savourer lorsque s'approchait Yule et le déposa devant sa nièce sur l'immense table en chêne, passant une main affectueuse dans ses longs cheveux blonds pour encouragement silencieux à avaler quelque chose - n'importe quoi, pourvu qu'elle retrouve un peu de ces forces que la guerre lui avaient arrachées. Munie de sa propre tasse de café au lait, Janet s'assit en compagnie de la petite et glissa un regard discret vers le salon où Trevelyan se reposait contre son gré de la visite récente du médicomage, de la rééducation pénible qui le terrassait de frustration et d'efforts ; un soupir de soulagement lui échappa de l'observer enfin assoupi, vaincu par l'épuisement qui lui cernait les traits de mauve et la souffrance qui n'en cessait de les tirailler, broyant chaque fois son cœur de mère sans qu'elle n'en pipe un mot. S'il pouvait seulement consentir à augmenter le dosage d'antalgiques comme le lui conseillaient ses guérisseurs, ou s'il pouvait avoir huit ans de nouveau et prendre sa potion sous la menace d'une partie de Quidditch annulée...  Personne ne te donnera de médailles pour avoir bien serré les dents, avait-elle fini par lui dire en se heurtant au regard borné qu'il braquait sur le monde depuis tout gamin, à la rage impuissante qui le rongeait depuis l'attaque, puis aux mensonges de circonstances qu'il lui avait servis en lui jurant mâchoire crispée qu'il ne dérouillait pas tant que ça, sans se rappeler qu'elle voyait clair comme de l'eau de roche dans ce baratin qu'il n'inventait que pour mieux la rassurer. Rien n'avait pu avoir raison de son entêtement. Rien n'avait pu la rassurer. L'aurait-elle voulu qu'elle n'aurait pas pu le faire plus buté.

"He's asleep" confia-t-elle à Guinevere en une arabesque complice dont la brindille ne lui offrit qu'un écho malingre. Son sourire fleurissait de l'éternelle douceur qu'elle avait toujours possédée, mais la délicatesse rêveuse qui l'ourlait d'innocence avant la guerre s'était fanée pour n'y laisser qu'une terrible fragilité. Sa poésie fantasque de fée de légère et les histoires aux fins heureuses qui lui papillonnaient toujours aux lèvres s'étaient flétries, et ses yeux bleus que tous les Penrose avaient un jour comparé à un ciel d'été s'ombraient de nuages invisibles, comme si toutes les horreurs qu'elle avait vues s'étaient imprimées trop profondément sur sa rétine pour qu'elle puisse espérer les fuir. Lorsqu'elle n'étudiait pas sur les bancs de l'université ou ne réconfortait pas les fantômes égarés du Chemin de Traverse, Janet avait pris l'habitude de l'inviter pour distraire son esprit des souvenirs qui le hantaient. Elle confiait à sa nièce toute une petite flopée de tâches qu'elles accomplissaient ensemble, pour l'occuper loin des mémoires et des victimes qui l'obsédaient, l'amaigrissaient de jour en jour - certaine qu'enfouir les mains dans le terreau parfumé du jardin, l'aider à enchanter un meuble ou cuisiner l'aiderait mieux à guérir, à revenir à la vie, qu'escorter des revenants vers une paix qu'elle n'avait pas le temps de chercher pour elle-même. Lorsque Gwen passait un après-midi à Trevescan, la radio ne diffusait que des chansons dont aucune émission d'informations sordides, aucune mention de procès ou de Mangemorts ne perturbait le cours. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, tout le trop peu qu'elle pouvait lui offrir  ; un peu de répit pioché ici et là, faute d'avoir pu la protéger et lui épargner le pire. Janet aurait pu tout donner pour effacer de son esprit trop jeune les cauchemars qui s'y agrippaient, pour reculer l'horloge d'encore quelques années et la retrouver naïve, la bouche riant de contes et contemplant le ballet des fées aux côtés de Glenn. Ravoir Locryn et Trevelyan hauts comme trois pommes dans leurs pulls tricotés, naïfs et intacts, le nez collé à la fenêtre lorsque ce genre d'averse grésillait aux carreaux, pariant à grands cris sur la course des gouttes de pluie contre les vitres à qui arriverait la première. Pouvoir les border le soir en faisant serment à Locryn que le monstre était parti, en jurant au plus grand qu'il aurait le droit de se battre en personne contre lui s'il faisait mine de repointer ses griffes dans la maison.

A côté d'elle, triturant un sablé sans jamais le grignoter, la petite inclina la tête et osa d'iris hésitants un regard sur la silhouette endormie de Trevelyan dans la pièce adjacente, avec la même sollicitude qu'elle lui avait toujours connue. "Shouldn't we put a blanket on him..?" Un rire chaleureux lui vint tandis qu'un geste de refus espiègle secouait ses boucles rousses. "And doom us both to hell if he wakes up all snug and bundled up like a babe ? Oh we know better, you and I." conclut-elle, sourcil haussé en connivence conspiratrice. "Let's stick to the usual and pretend we didn't even see him take a nap." L'inquiétude ne s'estompait pourtant pas du front soucieux de Guinevere tandis qu'elle gardait le regard rivé sur son cousin, trahissant toute l'angoisse que l'avoir su réchapper de peu à la mort avait ressuscité chez elle. Leur différence d'âge les avait toujours empêchés de nouer une véritable complicité au fil des ans, mais revenir d'un enfer qu'ils avaient affronté ensemble les avaient liés d'une façon que mille souvenirs d'enfance n'aurait jamais pu accomplir. Janet ne s'accorda qu'une longue gorgée de café au lait avant de la rassurer. " We're absolutely gonna keep him warm, though. Get us started on the hevva, I'll be right back."

Laissant aux soins de la jeune sorcière les toutes premières étapes du hevva cake typique de leur région, c'est prudemment qu'elle s'aventura pas à pas vers le salon, désireuse de ne faire aucun bruit susceptible de réveiller Trevelyan. L'ancien parquet ne crissa d'aucun chuintement, pourtant, encore tenu de n'émettre aucun grincement par l'enchantement que Gryffin y avait jeté quand les enfants étaient bambins, sous peine de les réveiller dans leur couffin. Ni lui ni elle n'avaient jamais songé à lever le sort, et ses pieds glissaient désormais sans peine sur le vieux chêne tandis qu'elle s'approchait de l'âtre pour en attiser la chaleur. Guidée par sa baguette, une bûche plana silencieusement de la réserve jusqu'à la cheminée dans une gerbe d'étincelles ardentes, tisonnées d'un regain d'incandescence. Trevelyan tressaillit dans son sommeil, grondant de souffrance dans un coussin tandis que sa paume se resserrait inconsciemment sur un bout de parchemin blotti au creux de sa paume. Janet ne discernait qu'un mot griffonné dessus, Cornwall, tracés d'une écriture qu'elle ne reconnaissait pas ; mais le brun miellé de ses yeux se désintéressa presque aussitôt du fragment de papier, profitant du repos de son fils pour attarder enfin sur lui tout l'amour d'un regard inquiet dont elle pouvait ne le couver qu'endormi.  Sa main sillonnée de cicatrices et d'ordinaire gantée de cuir dévoilait à l'air nu ses taillades ravivées par la malédiction, mitaine posée de force hors de portée pour en accélérer la guérison. Son teint blême et ses cernes, ses cheveux en bataille et sa barbe de quelques jours, ses longues jambes étendues, trop faibles encore pour le soutenir. Son tout premier, son garçon coeur de lion. A le voir là si vulnérable, elle ne se retint qu'à grand peine de ne pas glisser une main contre sa joue, ignorant ce qu'elle aurait voulu réparer en premier de son corps ou de son cœur brisés.

La table s'était garnie de bocaux de sucre et de farine lorsqu'elle revint dans la cuisine au son d'un "All done !" bienveillant offert à Guinevere, toute occupée à peser une mesure de lait tandis que Janet s'occupait du beurre, couteau pointé contre la motte et geste suspendu quand l'étudiante chuchota ses regrets. "I wish Sienna was here." Un sourire d'excuse triste ourlait les lèvres de l'étudiante, comme n'osant pas prononcer le nom que tous ici n'avaient plus entendu depuis trop longtemps, dont l'aura d'or manquait à leur famille. Gwen s'était profondément attachée à la médicomage depuis la Bataille du château - et comme tous ceux qui avaient un jour croisé le chemin de la guérisseuse, manquait de son éclat solaire. Elle-même ne comptait plus le nombre de fois où elle l'avait souhaitée de retour, pour l'amour qu'elle lui portait comme à une belle-fille et les ravages dont son absence foudroyait Trevelyan. "I know honey, we all do. Just give them time." Un sourire d'encouragement lui vint tandis que sa main lissait affectueusement les cheveux blonds de sirène, tisonnant l'espoir éteint de ses iris des à la chaleur des siens. "Time heals everything." Et toi aussi, tu verras.

Pivotant brièvement vers les placards gorgés de denrées pour y prélever quelques poignées de fruits secs, son volte-face n'avait duré rien qu'un instant lorsqu'un toussotement rauque l'interrompit, celui que tous dans la famille redoutaient d'entendre à nouveau depuis la dernière crise - une toux fébrile qui s'asphyxiait de râles en panique, secouant la silhouette gracile de Guinevere. Janet se précipita aussitôt vers elle, fendant les nuées d'obscures volutes poissant des lèvres de la petite comme un sang d'encre coagulé en apposant deux paumes contre ses joues, agrippant son regard et l'incitant par son sang-froid à retrouver le sien, à respirer, ne la délaissant qu'une fraction de seconde pour prévenir son mari. De sa baguette naquit une abeille de nacre vivace, filant bourdonner leur départ pour l'hôpital jusqu'aux oreilles de Gryffin, puis elle ceignit d'un bras qui ne tremblait pas la taille menue de Gwen et transplana sans plus attendre à Londres, sur le carrelage immaculé de Sainte-Mangouste.

La jeune anglaise tenait à peine debout contre elle quand Janet rétablit leur équilibre dans le hall bondé de sorciers. La toux noirâtre étranglait trop son souffle, l'angoisse perlait trop de larmes à ses paupières pour qu'elle puisse la faire patienter un seul instant de plus - entre deux "breathe, you're alright, you're gonna be just fine", elle interpella directement la sorcière préposée au guichet des urgences. "Hi. Guinevere Penrose, she's 18. She's been a patient here before and having these coughing fits for the last months, we were told to come here should they happen again - that's what Dr Roscoe told us, Sienna Roscoe ?" L'hôpital déployait son bouquet habituel d'arômes aseptisés, propreté parfaite et philtres en tous genres perdant de leurs fragrances dans le relent métallique des fumerolles que ne cessait de tousser Gwen - reconnaissable pour qui avait ne serait-ce qu'une fois croisé sa poésie, à la longue robe fleurie de dentelle et au châle qu'elle portait, aux bijoux gazouillants à ses poignets. Sa tante, elle, déluge de boucles cuivrées en désordre et trace de farine sur la joue, arborait le jean, la chemise et le gilet de mailles épaisses retroussées aux manches que quiconque ayant déjà déjeuné à sa table lui connaissaient. Sa main passait réconfortante contre le dos de Guinevere, tandis qu'elle recherchait tout autour d'elle la silhouette familière de Sienna, la seule en ces murs en qui toutes deux avaient absolument confiance.
Sienna Roscoe
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Sienna promena sur les brancards remplis des urgences un regard las. Elle était lasse. Lasse de toute la souffrance qu'elle pouvait voir emplir les cœurs et les corps, lasse de ces pleurs qu'elle entendait résonner depuis la salle d'attente, lasse des mauvaises nouvelles à annoncer, lasse de devoir éteindre les étincelles d'espoir dans les regards, lasse de cette série qui n'en arrêtait plus d'arracher des vies, encore et encore. Un patient par jour depuis 12 jours, très exactement. Elle était lasse de la mort hantant leurs couloirs, comme à leur rappeler qu'elle était la seule aux commandes par ici.

Et elle était lasse de devoir rassurer les traumatisés de la grande bataille, ceux qui venaient quotidiennement quémander des potions anxiolytiques ou somnifères pour grapiller une heure de sommeil par-ci, un peu de repos par-là. Elle n'en pouvait plus de guetter l'arrivée de leurs silhouettes titubantes, elle ne voulait plus voir ces survivants mendier la tranquillité que la vie leur devait, après tout les morts, après la peur et la colère. Parce qu'ils étaient en vie, on leur imposait de devoir être heureux, et en pleine santé, quand ils avaient l'esprit rongé par tout ce qu'ils avaient vu et enduré. Et Sienna était lasse de tout cela. Elle ne parvenait même pas à se contenter des quelques victoires qu'ils remportaient de temps en temps, tant les dernières semaines avaient été dures, tant ils prenaient de plein fouet le contrecoup de la bataille, et toutes ses conséquences que le ministère taisait, préférant diffuser dans la presse des tribunes honorifiques, sombres mémoires de ceux qui étaient tombés, en oubliant par-là les malheureux qui en avaient réchappé. Elle ne souhaitait aucun honneur Sienna, elle n'en voulait pas, elle voulait oublier, mais chaque fois qu'une de ces âmes passait le pas de la porte des urgences, elle lui disait ce que les autorités auraient dû leur dire. Merci. Merci pour votre sacrifice. Oui, tu es en vie, je sais. Mais plus vraiment, n'est-ce pas? Plus tout à fait... Je sais, j'y étais. Et j'y ai laissé une partie de moi. Personne n'en est revenu indemne, personne vraiment. Alors, merci. Me battre à tes côtés à été un honneur. Et elle en sortait le cœur meurtri, toujours, d'avoir dû fouiller au fond d'elle-même pour tenter de réconforter ceux qui ne parvenaient plus à trouver le chemin de la vie. Ils avaient survécu à l'horreur et pourtant, elle habitait à présent en chacun d'eux, sous l'apparence d'un visage émacié et d'un rire aigu résonnant dans la nuit.

Elle n'en pouvait plus. De ces nuits sans repos où lui revenaient tous les souvenirs, les corps enjambés, les mains pleines de sang cherchant un pouls, ne le trouvant pas, passant à un autre, et encore un autre. Le tri des corps effectué à l'issue de la bataille lui avait anéanti l'âme et elle revoyait chacun de leurs visages parfois, en rêve, lorsque les gardes à l'hôpital étaient trop parsemées de décès et d'échecs. Elle s'éveillait, en nage, serrant contre elle un vieux t-shirt qui avait autrefois porté un parfum si rassurant, et, le visage couvert de larmes, elle tentait de ne pas chercher dans le noir de sa chambre, dans le froid de ses draps, la présence qui en était terriblement absente depuis bien trop longtemps. S'il avait effacé pendant des semaines les cauchemars d'un baiser posé sur le front, Trevelyan n'était plus là pour lui chuchoter à l'oreille que tout allait aller, à présent, qu'elle était en sécurité. Il n'y avait plus personne. Il y avait bien eu Roxanne un temps, qui s'était décidée à venir la visiter sans s'annoncer, la trouvant dans ce qu'elle avait de pire; une fois alors qu'elle avait passé plusieurs jours d'affilée sans parvenir à sortir de son lit, mélangeant son chagrin et sa haine à l'incurie et aux oreillers trempés de larmes, une autre en longs sanglots dans sa baignoire dans laquelle elle s'était immergée habillée, l'eau refroidie qu'elle ne sentait plus glacer sa peau au point qu'elle en avait les lèvres bleuies. Elle n'avait pas plus ressenti l'affliction que générait chez elle son propre état que lorsque Roxanne l'avait serrée contre elle, en larmes également, dans cette baignoire et qu'elle ne parvenait plus à rien qu'à hurler ses sanglots; comme elle aurait voulu vomir un poison, comme elle aurait voulu rendre sa vie, en échange d'un peu de paix. Son amie l'avait doucement aidée à remonter la pente et sa merveilleuse volonté avait fait le reste. Chaque jour était un combat mais aujourd'hui, elle pouvait dire qu'elle était en train de le gagner.

L'état des urgences de l'hôpital de Ste Mangouste continuait cependant à la ramener en arrière quand elle n'aurait dû pouvoir consacrer son temps qu'à avancer, comme un amer souvenir dont elle aurait essayé de se débarrasser sans savoir comment faire. Et elle était lasse. Fichant un sourire sur son visage, elle pris son service et analysa, soigna, prépara potions et prescriptions, enchaînant les consultations sans que son sourire ne s'évanouisse, sans jamais laisser à penser que la principale patiente ici était probablement elle, essayant de se soigner elle-même en traitant ses patients. Les heures passèrent sans qu'ils ne perdent un patient et ils s'en firent la remarque à la façon habituelle des urgences, sans dire les mots qu'ils pensaient tous, de peur que la mauvaise fortune les entende et décide de venir hanter ces couloirs. "C'est une belle journée" remplaça "on n'a pas encore perdu de patient..." et dans leurs regards se mit à briller l'étincelle de ceux qui espèrent être ceux brisant la terrible série. La petite cloche magique sonna à sa ceinture, signe qu'on l'appelait au comptoir des urgences et elle s'y dépêcha, piochant au détour d'un couloir et d'un bureau soignant surchargé un verre d'eau qu'elle sentit dégringoler dans sa gorge. Elle n'eut pas le temps d'arriver auprès de la soignante chargée de l'accueil qu'elle reconnut une cascade de boucles qu'elle n'avait pas revue depuis de longs mois.

Elle s'immobilisa avant de constater que ce que Jowanet tenait serré contre elle n'était autre que Guinevere. Elle comprit immédiatement et d'un mouvement de baguette, attira un fauteuil roulant derrière la jeune fille et, appelant Eileen, la soignante avec qui elle travaillait en binôme, dirigea tout ce monde vers un box qu'elle savait vide. "Depuis combien de temps crise-t-elle?" Elle encourageait Guinevere à la regarder, pendant qu'Eileen préparait le matériel et demanda à Jowanet "Vous ne préférez pas sortir ? " Elle connaissait déjà la réponse bien avant d'avoir posé la question et, se tournant vers Guinevere, elle lui rappela "Tu sais ce que je vais faire, ma belle, et tu sais que ça ne va pas être agréable, d'accord ? Mais ça va aller, tu vas voir. " Elle tenta de discerner dans le regard brillant de larmes de la cousine de Trevelyan un quelconque assentiment mais elle n'y voyait que de la terreur pure, et la certitude qu'elle allait mourir. Sienna détorna le regard, pinçant les lèvres; elle ne pouvait pas se mettre à pleurer, pas maintenant. Après avoir basculé Guinevere sur un lit, elle l'allongèrent tout à fait, la forçant à se débattre tant la position était inconfortable; c'était douloureux, mais elles manquaient de temps. D'un mouvement de baguette suintant l'habitude et la parfaite alliance entre les deux, Eileen et Sienna guidèrent dans la bouche de la jeune fille deux canules, l'une aspirant la fumée qui se formait sans raison dans les poumons de leur patiente, l'autre les alimentant en oxygène qu'ils ne parvenaient plus à inspirer seule. Les canules en place firent rapidement leur office et la fumée noire s'écoula hors du corps de leur jeune patiente pendant que Sienna vaporisait d'un mouvement de baguette une potion anxiolytique qui voleta avec volupté de la fiole qu'elle tenait en main jusqu'à la canule déployant le repos dans les poumons de Guinevere. Le visage trempé de larmes, la respiration redevenue calme, elle ferma les yeux, apaisée par le traitement qui avait rapidement fait son effet et les soignantes dégagèrent les canules de ses voies respiratoires. Le silence régna dans la salle pendant qu'Eileen faisait voler depuis le couloir un tas d'électrodes qu'elle colla sur la poitrine de la jeune endormie et qui leur permettrait d'analyser la qualité de sa respiration et tout un tas de constantes.

D'un signe de la tête, Sienna remercia sa binôme et elle se tourna vers Jowanet "Café ?" Elle était épuisée mais sa garde était terminée depuis presque une heure et elle se félicita d'être restée plus longtemps; non pas que ses collègues n'étaient pas qualifiés pour s'occuper de Guinevere, juste... Elle était sous sa responsabilité, depuis qu'elle avait compris le mécanisme de la malédiction que lui avait jeté en plein visage un mangemort lors de la bataille. Précédant Jowanet dans le dédale des couloirs de l'hôpital, elle leur fit couleur deux cafés dans la salle de pause du premier étage et elles s'éloignèrent des services les plus bruyant, trouvant deux fauteuils vides à l'endroit que Sienna préférait; de grandes fenêtres magiques qui leur offrait aujourd'hui un paysage boisé et sauvage et un dôme au dessus de leurs tête qui laissait toujours filtrer en journée les rayons d'un soleil absent. "Ca va aller.. Les crises vont disparaître, j'en suis sûre... Et Eileen va bien s'occuper d'elle à présent. Je ne vous propose pas une nouvelle fois d'effacer sa mémoire, j'imagine...? " Elle offrit son visage aux rayons du soleil un instant avant d'essayer à nouveau de ficher un sourire sur ses lèvres.
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