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Averroes Osbourne
Averroes Osbourne
Sorcier
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Métier : Médicomage à Ste Mangouste, épurant les corps éprouvés des empoisonnements par potions et plantes
Localisation : Prisonnier des hantises de ses propres souvenirs
Sang : Sang-mêlé
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Le claquement sonore de son transplanage se fondit dans la cacophonie fébrile du hall de Sainte-Mangouste, insignifiant écho parmi le chaos résonnant de pleurs alarmés et directives entremêlées. Averroes n'eut le temps que d'esquisser un pas de côté pour éviter la cavalcade qui le dépassa hâtivement,  précipitant en salle de soin les survivants mutilés d'une attaque de loup-garou, dont les vêtements sanglants et corps lacérés jusqu'aux chairs éclaboussaient de violence le sol immaculé dans leur sillage. L'oeillade azurée du médicomage s'attarda brièvement sur les traînées vermeilles maculant le carrelage souillé - ce massacre était le troisième à survenir hors l'aura claire d'une lune pleine, et ravivait douloureusement à sa mémoire les carnages exercés par Fenrir Greyback au plus obscur de la guerre. Poussant silencieusement le seul soupir inquiet qu'il s'autoriserait de la soirée et laissant s'emparer de lui le calme ancrage qu'exigeait la situation, Averroes sentit aussitôt refluer les dernières bribes de sommeil subsistant de la nuit tourmentée à laquelle on l'avait arraché, appelé en renfort pour regarnir leurs effectifs que la guerre avait trop amenuisés. Les cheveux encore humides de l'eau qu'il y avait glissé dans une tentative hasardeuse de les discipliner, il fit glisser son long manteau de ses épaules d'un geste sec de l'épaule, et revêtit une blouse frappée du sceau de l'hôpital qu'on lui tendait avant de rejoindre Sienna pour lui prêter main-forte.

-

L'aurore tardait à poindre en ce matin d'hiver, pourtant la montre à son poignet tiquait déjà les premières heures du jour, succédant enfin aux dernières d'une nuit d'urgences. A l'abri des regards, l'anglais braquait l'épuisement de ses yeux cernés d'insomnie sur les couloirs enfin revenus au calme, posant la paume d'une main contre son cou tandis qu'il étirait sa nuque raidie de fatigue. Sa garde officielle commençait aux Empoisonnements dans quelques minutes sans qu'il ait le temps de l'en atténuer du moindre repos, et seule la tasse de thé noir qu'il n'eut pas le temps de savourer lui donna le courage d'affronter les heures à venir. "Quelque chose pour moi, Galaxia ?" s'enquit-il auprès du bureau infirmier de l'étage en saluant silencieusement l'occupante. Fouillant frénétiquement ses papiers comme pour souligner - voire empirer - l'agitation ambiante, elle lui tendit une pile de dossiers en ne cessant d'opiner du chef, causant de dangereuses oscillations au chignon qui couronnait sa tête ; les petites planètes qui gravitaient autour du pic retenant ses cheveux grisonnant faillirent s'enfuir de leur orbite. Averroes haussa haut un sourcil en recevant entre ses bras et sans plus de précision l'amoncellement de paperasse dont il voyait d'ores et déjà surnager plus de six noms attendant une visite. "Ah ! Vous voilà ! Il y a un peu de tout, de l'empoisonnement, de l'intoxication aux vapeurs de potion.. Vous avez l'air fatigué" dit-elle en l'observant suspicieusement, "mais vous auriez dû vous attendre à ce qu'on vous appelle en urgence, docteur Osbourne. Mercure rétrograde jusqu'à la fin du mois, on en a pour des semaines de catastrophes en tous genre ! D'ailleurs, si j'étais vous, ces prochains jours je ne prendrai pas le risque de... parce que.. et il faut dire que.. Mercure..."

Averroes laissa délibérément le fil de ses pensées s'émanciper de celles que déversaient la sorcière, qui ne revêtaient jamais pour lui la moindre pertinence ; ses superstitions abusives avaient achevé de le lasser depuis bien longtemps, et les diatribes de Galaxia concernant sa planète honnie la menaient à blâmer l'astre pour tant d'absurdités qu'il n'écoutait qu'avec indifférence. D'autres réflexions plus pressantes exigeaient de lui qu'il s'y penche. Déjà ses longs doigts feuilletaient les quelques dossiers qui lui avaient été confiés, et hochant vaguement la tête à la dernière réflexion qu'elle lui fit sur l'influence des cieux, il la remercia en un murmure et se tourna vers les jeunes étudiants venant d'arriver à ses côtés pour commencer leur garde - appréciant leur ponctualité sans faille et leur sérieux, blouse d'aspirants médicomages déjà revêtues leur permettant de commencer immédiatement les consultations."Susan, Arthur" les salua le guérisseur en les accueillant d'un signe de tête, observant du bleu de ses iris les traits de ses apprentis. "J'espère que vous n'avez pas révisé trop tard et que vous avez dormi, notre journée s'annonce chargée. Allons-y ?" Bien conscient pour n'en être pas si éloigné du travail acharné qu'attendait ce domaine d'études et soucieux de leur bien-être sans trop s'en épancher, Averroes s'engagea sans plus attendre dans le corridor où ronflaient encore d'anciens guérisseurs bordés dans leur portrait, en les invitant à le suivre. Tandis que tous trois progressaient vers le premier patient requérant leur attention, il familiarisa ses élèves avec l'évolution de dossiers qu'ils avaient suivi sans en connaître l'issue avant la fin de leur garde, la veille au soir. "Abelia Bumblebee a pu rentrer chez elle après votre départ, les baies n'étaient pas aussi toxiques qu'on a pu le craindre. Elle a promis de ne plus les ranger à côté de ses pastilles de réglisse et d'étiqueter chaque pot. Elle a très bien réagi au traitement que vous avez proposé et voulait attendre votre retour pour vous remercier de l'avoir si bien prise en charge, mais ses enfants l'ont raccompagnée chez elle. Je lui ai promis que je vous le dirai - et je suis d'accord, c'était de l'excellent travail."

Reconnaissant d'avoir sous sa tutelle les deux étudiants prometteurs, Averroes s'arrêta finalement devant la porte close d'une salle de soin d'où provenaient des rires fébriles, jetant un oeil au dossier que lui avait remis Galaxia et qu'il avait estimé devoir traiter en priorité. Toquant brièvement à la porte pour annoncer leur entrée, il précéda Arthur et Susan dans la pièce en saluant les parents inquiets qui l'accueillirent, se levant du chevet où ils veillaient un enfant de quatre ans secoué d'une anormale joie hystérique, tordant d'une gaieté forcenée ses traits poupins. "M. et Mrs Appleton, je suis le docteur Osbourne - miss Bones et mister Cadbury sont étudiants en médicomagie, avec votre accord ils procéderont à l'examen de votre fils sous ma supervision."L'assentiment empressé des parents leur fut aussitôt remis, et l'anglais se tourna vers ses apprentis en leur présentant brièvement ce qu'il savait du dossier - ayant pour sa part déjà reconnu en l'ingestion de feuilles d'Alihotsy la raison de l'intoxication et prévu le remède, mais désireux de les laisser procéder au questionnement de la famille pour connaître la genèse de l'incident et de décrypter par eux-mêmes les symptômes. Le calme de sa voix grave peinait à se faire entendre sous les rires délirants de l'enfant. "Julius Appleton a quatre ans, ses parents l'ont trouvé ce matin dans cet état d'hystérie que vous voyez. Ils ont essayé de lui faire recracher les feuilles de plante qu'il mâchait avant de l'amener aussitôt ici."

S'effaçant devant les étudiants en les encourageant d'un regard bienveillant, Averroes rassura d'un sourire les parents inquiets - confiant en son propre diagnostic et en celui que donneraient Arthur et Susan, peu enclin à faire aux proches angoissés de vaines promesses. "Vous avez réagi rapidement, Julius sera très vite remis sur pied."
@Arthur Cadbury  @"Susan Bones"
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Se matérialisant directement au rez-de-chaussée de l’hôpital de Ste Mangouste, Susan jette un coup d’oeil à la sorcière postée à l’accueil, déjà assaillie de toutes parts. Comme souvent et en dépit de l’heure matinale, le hall est bruyant et bondé, peuplé de patients à l’aspect soit comique soit plus dramatique, ainsi que de visiteurs attendant sur des chaises de bois branlantes. Sans s’attarder, déjà revêtue de sa blouse d’apprentie flanquée de la baguette et l’os croisés qui représentent l’emblème de l’hôpital sorcier londonien, la jeune femme se dirige directement vers le salon de thé du cinquième étage. Partie avant Hannah de leur maison de Notting Hill, elle a l’habitude de venir prendre une boisson chaude ici avant de commencer ses gardes. Et ce jour-là, comme elle doit travailler avec Arthur, elle lui a donné rendez-vous pour qu’ils prennent un peu de forces ensemble avant de se mettre sérieusement au boulot. « Salut beau gosse » lance-t-elle, joyeusement malgré l’heure matinale, toujours aussi à l’aise avec lui en dépit de leur histoire passée. Elle l’embrasse sur la joue avant de commander un thé vert, se laissant par la même occasion tenter par une douceur sucrée. « C’est pour être prête pour toutes les éventualités aujourd’hui » fait-elle semblant de se justifier auprès du brun, tandis qu’elle s’installe en face de lui. « Bien dormi ? » Pour être en forme et assurer sa garde, Susan s’est obligée à rester tranquillement à la maison hier soir et à se coucher relativement tôt - sinon, en-dehors de ça, elle est toujours prise d’une envie de sortir et d’aller s’amuser. Mais elle sait prendre ses responsabilités, consciente de l’importance d’être en pleine possession de ses facultés sur son lieu de travail. « J’espère qu’on aura des cas intéressants aujourd’hui. Et rien de grave aussi » ajoute-t-elle, comme pour faire bonne mesure. En tout cas, ça manque rarement de travail au service d’empoisonnement par potions et plantes et ils ont régulièrement affaire à de l’urticaire, des fous rires incontrôlables ou encore des régurgitations en veux-tu en-voilà. Les deux apprentis-guérisseurs profitent donc tranquillement de leur moment de tranquillité pour le petit-déjeuner, avant de redescendre au troisième étage un peu avant l’heure du début de leur garde. L’infirmière postée au bureau concerné a l’air passablement agitée et commence déjà à s’étaler au moment où l’ancienne blairelle la salue, réussissant difficilement à s’en débarrasser avec un minimum de politesse. Mais Averroes Osbourne, son tuteur officiel, est déjà là et elle ne tient pas à le faire attendre. « Bonjour. » Pendant qu’ils s’avancent tous les trois dans le couloir, Susan écoute des nouvelles d’une patiente qui s’est bien remise après avoir ingurgité des baies non comestibles. Averroes glisse aussi un compliment, ce qui ne manque pas de la toucher, comme à chaque fois. « Merci beaucoup. C’est gentil de sa part d’avoir voulu nous attendre… Et surtout, c’est une bonne chose qu’elle fasse des changements chez elle pour que ça ne se reproduise plus. » Forcément, la jeune Bones est toujours contente quand ça se termine aussi bien. Mais les patients ne manquent jamais, il y en a toujours d’autres et c’est donc avec détermination qu’elle suit son formateur et Arthur dans une chambre où un petit garçon est dans un état de joie anormal. « Bonjour M. et Mrs Appleton. » Accord reçu des parents pour examiner l’enfant, elle s’approche avec son ancien camarade de classe pour commencer le travail. « Salut Julius. Moi c’est Susan et lui c’est Arthur, on est là pour t’aider » explique-t-elle en dépit du fou rire incontrôlable ; bien qu’elle ne sache pas avec certitude s’il est à même de la comprendre, ça lui paraît important. « C’est vrai que ça ne ressemble pas aux effets secondaires de la potion d’hilarité, il y a quelque chose de différent » murmure-t-elle à l’adresse d’Arthur, quand Averroes explique qu’il s’agit de plantes. Fouillant dans sa mémoire, elle se tourne vers les parents pour poser des questions. « Vous dites que c’est ce matin que vous l’avez retrouvé dans cet état en train de mâcher des feuilles ? Est-ce que Julius aurait eu accès à un arbre à hyène ? On l’appelle aussi l’Alihotsy » précise-t-elle, tout en glissant un coup d’oeil vers Obsourne comme pour guetter son approbation. Elle a toujours peur de mal s’y prendre, Susan, même si la confiance que son formateur place en eux la touche beaucoup.
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La nuit avait été agitée. Comme souvent, le petit matin avait trouvé Arthur s'éveillant en sursaut, couvert de sueur, l'esprit agité par un reste de cauchemar qui s'était rapidement enfui, ne lui laissant en gorge que l'âcre sentiment d'angoisse sans objet, tant les images de ses songes lui échappaient. Il avait attendu que son réveil finisse par sonner, le regard fixé au plafond au dessus de lui, incapable d'initier le moindre mouvement le forçant à échapper au cocon de chaleur formé par sa couette. Il était songeur, encore, alors que l'eau chaude d'une douche salvatrice lui ruisselait sur les épaules. Il ne se souvenait jamais ses cauchemars, jamais, pour finalement être relégués au rang d'une impression bizarre, et finir par disparaître, à mesure que les heures de la journée s'égrenaient. Il sauta dans une tenue confortable, jean et pull, prêt à affronter la journée et jeta la blouse des apprentis médicomages sur ses épaules, avant de transplaner dans une ruelle proche de l'entrée de Ste Mangouste. L'air était frais, saisissant et il exhala d'épais nuages de buée avant de parvenir à l'édifice; l'arrivée de l'hiver n'avait pas abîmé sa routine matinale. Il accéléra le pas dans le hall de l'hôpital, ignorant les patients qui faisaient déjà la queue pour rendre visite à leurs proches, ainsi que les collègues qui terminaient leur nuit et buvaient un café ensemble au café du rez-de-chaussée, avant de regagner leurs appartements et profiter d'un bref repos avant de revenir. Ils avaient le statut d'étudiants qui leur permettait d'avoir le repos que n'avaient plus leurs titulaires et qu'ils savaient devoir savourer. Il grimpa les escaliers de service vers le cinquième, souriant aux collègues qu'il croisait; Ste Mangouste était un énorme paquebot dans lequel il lui semblait avoir balancé son avenir, ses espoirs et tout ce en quoi il croyait, et les étages de l'édifice ne tarderaient pas à devenir sa maison, comme ses collègues qui eux, prendraient le rôle de la famille qu'il ne se savait pas avoir besoin. Susan est déjà là lorsqu'il arrive et elle le gratifie de son sourire qu'il connaît si bien et de ses mots doux auxquels il ne veut pas s'habituer. Il lui rend son sourire et sa bise et lui offre un air contrit « Pas bien dormi, non, mais ça commence à devenir une habitude!  » Ils discutèrent des cas du jour en rejoignant leur tuteur qu'ils ne tardèrent pas à trouver, déjà présent, déjà prêt à démarrer une nouvelle journée. Depuis le début de leur stage dans le service des empoisonnements par potions et plantes, Averroes Osbourne était leur référent et cela n'aurait pu mieux convenir à Arthur. Le jeune homme était d'une douceur qui lui donnait parfois envie de pleurer, dans ce milieu où la vie pouvait très rapidement basculer et il se répétait souvent qu'il avait tout à apprendre de lui. Il admirait secrètement sa façon de parler et réconforter les familles quand tout leur univers semblait près à chavirer et bien souvent, il se prenait à l'écouter aussi attentivement que les patients venant le consulter. Il laissa à Susan la tâche de répondre au compliment qu'il venait de leur adresser, conscient qu'elle avait plus de compétences que lui pour ça, et ne put s'empêcher de sourire à leur tuteur. Lorsque ce dernier eut le dos tourné, il leva un pouce en direction de Susan en lui faisant un clin d'œil, véritablement ravi par ce qu'il venait d'entendre. Mais la mission était derrière eux et voilà qu'une nouvelle leur était proposée. Il s'approcha de l'enfant avec Susan et répond à sa question chuchotée  « Tu as raison, on dirait qu'il est totalement imprégné. » Au-delà de l'hilarité de Julius, il pouvait reconnaître l'air béat, les yeux rouges et les pupilles dilatées significatifs; l'enfant était intoxiqué, ça ne faisait aucun doute. Semblant suivre le fil de sa pensée, Susan s'en ouvrit à Averroes, évoquant l’Alihotsy qui venait de lui manquer pour achever parfaitement sa réflexion. Il acquiesça vigoureusement, subjugué par  la vitesse de raisonnement de son amie, et, ajouta lorsqu'elle eut terminé. « Bien vu! A une petite dose, elle peut déjà créer une dépendance poussant l'enfant à continuer d'en mâcher, et j'imagine que lorsque les effets d'euphorie se font sentir, il n'a plus envie de s'arrêter. Je recommande un antidote à base de bézoard, d'aconit, de peau d'ophidien et de quelques feuilles de chanvre, pour le goût et pour qu'elle soit plus facile à ingurgiter. » Il sortit de sa poche sa baguette, fit voleter des papillons dorés au-dessus de Julius qui commençait à s'agiter et adressa un sourire à Susan lorsque ce dernier se mit à rire, essayant d'attraper ses illusions.
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A les voir concerter leurs connaissances et relier un à un tous les symptômes en un seul et même fil d'évidence, des souvenirs lui revenaient de ses propres premiers pas estudiantins, tracés dans le sillage de son mentor. Il retrouvait en eux la même résolution tandis qu'ils parcouraient cette voie qu'il leur dessinait à son tour, la même volonté de soulager leur monde de ses souffrances, d'y imprimer enfin une différence. Et tandis qu'il les observait, Averroes se demandait s'ils ressentaient, eux aussi, l'indéfectible certitude d'arpenter le bon chemin qui l'avait tout entier saisi dès son entrée révélatrice en médicomagie. Pour l'heure, ses apprentis s'adonnaient à l'examen rigoureux du jeune patient secoué d'hilarité sans qu'intervienne le guérisseur, resté sensiblement en retrait de leur analyse. Certains de ses collègues dont toute approche pédagogique écœurait l'arrogance cantonnaient leurs disciples au rôle étroit d'observateurs frappés de censure, interdisant toute chance à leur savoir tout théorique d'être jamais mis en pratique. Rien ne l'agaçait plus. La calme gravité de son tempérament n'avait pas même su éviter quelques conflits à cet égard, tant il peinait à supporter que s'asphyxient des vocations d'avoir été trop bâillonnées. Lui s'efforçait d'encourager leur voix et de créer l'espace à leurs apprentissages, gardant sur eux le regard vigilant dont il observait sereinement Arthur et Susan en cet instant. Averroes supervisait silencieusement leur façon de se présenter aux parents comme à l'enfant, approuvant leur prévenance comme leurs remarques auréolées de pertinence. Désireux de laisser leurs réflexions les mener rigoureusement à une conclusion, il veillait toutefois à ce que le diagnostic soit formulé dans un délai raisonnable ; le rire forcé dont convulsait presque Julius pouvait paraître bénin de prime abord, mais il était bien plus dangereux qu'un simple Rictusempra. Là où le sortilège déclenchait une mécanique musculaire de force, les toxines libérées par l'alihotsy altéraient rapidement la chimie fragile du cerveau ; et la substance, qui procuraient aux adolescents des souvenirs aussi nébuleux que mémorables, s'avérait inquiétante lorsqu'un enfant si jeune l'absorbait en telle quantité.

Un signe de tête et quelques mots d'approbation sanctionnèrent l'acquiescement d'Averroes au diagnostic de ses étudiants, dont la justesse du raisonnement leur permettrait de traiter le petit patient sans plus attendre. Il s'apprêtait à les interroger sur la nature du traitement à préconiser lorsqu'Arthur soumit une suggestion - accueillie pensivement par le médicomage, qui s'y attarda sérieusement quoique la solution proposée ne soit pas canonique.  "Une association d'actifs ingénieuse - qui fonctionnerait sans doute, mais nous avons la chance d'avoir un remède de prédilection aux toxines de l'Alihotsy. Rien ne les neutralise mieux qu'un peu de mélasse de Grinchebourdon." Un léger sourire félicitant Arthur pour son initiative et Averroes s'affairait déjà à donner des instructions ; la présence de Susan ayant été demandée dans un autre service, il salua discrètement son départ avant de préciser la posologie de mélasse nécessaire à l'infirmière œuvrant à leurs côtés  - puis s'attarda quelques instants, le temps de recommander au couple de parents inquiets des coordonnées pour leur aînée consommatrice d'alihotsy, et de les rassurer en gardant le benjamin en observation le temps d'une heure supplémentaire dans leur service.

L'hilarité de Julius semblait déjà se dissiper lorsqu'Arthur et lui prirent congé. La porte de la chambre se referma derrière eux sans qu'Averroes esquisse un pas pour se mêler de nouveau à l'effervescence du long couloir - leur prochaine consultation n'était pas de première urgence, et un instant supplémentaire leur était accordé pour revenir sur l'idée du jeune homme. "La mélasse sera l'antidote par excellence à garder en tête pour l'intoxication aux feuilles d'arbre à hyène, mais la composition que tu as improvisée était intéressante. De l'aconit pour contrer l'état fébrile, le bézoard pour englober un large spectre d'empoisonnement... Rien ne vaut l'efficacité immédiate de l'antidote naturel, mais la formule est prometteuse. Le laboratoire de pharmacomagie nous permettrait de la tester, si tu le souhai.. " La proposition du guérisseur mourut sur ses lèvres, interrompue par l'arrivée précipitée d'une collègue sur laquelle s'ancra vivement son attention. "Dr Osbourne ? La mère d'Emery Luckam vient de nous faire parvenir un patronus, ils arrivent." Sourcils aussitôt froncés d'inquiétude, un soupir consterné lui échappa tandis que le visage du patient recomposait trop aisément ses traits dans son esprit. Deux semaines seulement s'étaient écoulées depuis qu'il l'avait reçu aux Empoisonnements pour la dernière fois, catatonique, iris hagards, livré à de pures hallucinations dont Averroes ne l'avait encore récupéré que de justesse. "Merlin, pas encore..." Il ne se rappelait que trop bien la descente qu'endurait chaque fois Emery, lorsque ses philtres le purgeaient peu à peu de ses délires et que la réalité saignait de nouveau ses tourments jusqu'au plus profond de son regard brisé. Chacun de ses sauvetages ressemblait plus à une torture qui le réduisait en larmes de désespoir, suppliant en sanglots qu'on lui redonne ses illusions. "Il est inconscient." Les dossiers de futurs patients qu'Averroes gardait en main se refermèrent en un froissement sec. Jamais Emery Luckham n'avait consommé jusqu'à en perdre connaissance. "Allons-y", invita-t-il sobrement Arthur à lui emboîter le pas, résumant pour lui la situation tout en s'engouffrant dans la cage d'escalier vers les urgences, puis dévalant les volées de marches à la hâte.

"Emery Luckam est un patient de dix-huit ans que j'ai déjà traité en urgence, arrivé en état de catatonie de nombreuses fois. Tu as sans doute entendu parler du Rêve Eveillé, qui permet de s'évader dans une réalité plus belle pendant trente minutes ? Il est vendu dans une boutique du Chemin de Traverse comme inoffensif, mais il fait des ravages et trop de victimes sur les psychés les plus vulnérables. Emery en abuse régulièrement pour fuir ses souvenirs de la guerre" conclut-il gravement, impatient que survienne enfin une réaction du Ministère pour interdire la substance sur le marché - une substance si nouvelle et imprévisible qu'aucune étude fiable n'existait encore à son sujet, et dont personne ne pouvait prévoir les séquelles en cas d'utilisation abusive. Peut-être s'en chargerait-il, pour alerter enfin le grand public sur ses dangers et pousser le Ministère à prendre position - qu'au moins l'encre à ses parchemins noircisse utilement ses nuits blanches. La porte des urgences se profilait à leurs pas empressés lorsqu'Averroes ralentit, posa doucement une main sur les vantaux  pour mieux les garder clos et s'arrêta dans le calme désert de la cage d'escaliers - où ne flânait aucun portrait, où personne ne les entendrait. Son étudiant lui paraissait si terriblement jeune dans la lumière cendrée, trop jeune pour avoir traversé ce qu'il avait déjà subi, pour que des cernes ombragent ses yeux comme elles enténébraient les siens. Savait-il seulement que son mentor d'aujourd'hui était le guérisseur qui l'avait accueilli en ces murs mêmes, à l'issue de la bataille...? Il n'avait jamais abordé le sujet, n'avait jamais osé - quel bien cela aurait-il causé, que ressusciter de telles plaies ?  Arthur était le premier survivant qu'on ait confié à ses soins acharnés, jamais son nom ne s'était effacé de sa mémoire. Il l'avait reconnu à l'instant même où il l'avait revu, estampillé sur le dossier d'apprentissage que l'on venait de lui remettre. Arthur Cadbury. Quel courage, quelle grandeur d'âme recelait-il pour se lancer à corps perdus dans des études qui raviveraient chacun de ses pires souvenirs ? Les iris bleus d'Averroes se rivèrent à ceux du jeune homme, où semblaient parfois affleurer des ombres familières. Les siens étaient empreints d'une compassion profonde, quoique ses intonations professionnelles lui permettaient d'aborder le sujet délicat en toute pudeur. "Arthur... Je sais que tu es ici pour apprendre, mais je sais aussi qu'au vu de son âge, Emery était certainement à Poudlard en même temps que toi." Sur les ancestraux bancs de l'école, ou au combat. "S'il s'agit de l'un de tes amis, d'un camarade, et que pour une quelconque raison tu préfères rejoindre Susan sur un autre cas le temps que je m'occupe de lui, tu peux. Sans m'expliquer, sans te justifier. Je ne jugerai pas, je ne te poserai aucune question."

Le silence s'attarda entre eux en parfum d'interrogation, dernier instant suspendu avant que le transplanage fatidique ne retentisse et que l'urgence les entraîne dans un tourbillon qui ne devrait plus souffrir aucune hésitation, aucune intrusion de sombres réminiscences. Ne restait plus qu'à espérer, de tout son cœur, que leur relation s'était suffisamment tissée de confiance pour qu'Arthur ose répondre en toute sincérité - quel que soit le choix vers lequel son coeur l'orienterait.



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